La tentation est forte pour le gouvernement de remettre sur le tapis la réforme des retraites. Pour le président de la République cela présente l’avantage de montrer qu’il reste actif et mène à bien de réformes néolibérales afin de continuer de s’attirer les bonnes grâces de l’électorat de droite. On est loin de la prétendue politique « ni droite ni gauche » et, depuis longtemps, dans le « à droite toute ». Au-delà de l’échéance des élections présidentielles, il s’agit de montrer que l’accroissement « quoiqu’il en coûte » de la dette publique est maîtrisé. Comment procéder alors qu’au nom de la doxa libérale le gouvernement refuse de taxer les plus riches et multiplie les exonérations de cotisations sociales patronales ?
Réponse simple : il suffit d’appliquer une bonne vieille méthode de droite en désignant parmi les pauvres d’odieux profiteurs )pour une fois ni les migrants, ni les chômeurs par trop insolvables). Les retraités ouvrent de belles perspectives au gouvernement. Voici des gens qui n’ont pas subi de pertes de revenu liées à la crise et ont même accumulé des économies en raison de la fermeture des lieus de loisir (il est bien connu que les retraités de nos métiers passent leur temps aux théâtres, cinémas, restaurants…). D’ailleurs, le Figaro confirmait en novembre que l’épargne des Français en 2020 s’élevait à 100 milliards d’euros et que 2021 devrait suivre la même trajectoire. Petit bémol, ce même Figaro reconnaît que la moitié de cette épargne va aux 10 % des plus riches pendant que les ménages modestes se sont appauvris. Qu’à cela ne tienne, le ministre du budget appelle à s’attaquer au « bas de laine » des retraités.
Philippe Martinez a prévenu le gouvernement que reprendre la « réforme » des retraites revenait à jouer avec le feu. Même Laurent Berger met en garde sur un risque de réactions violentes. Malheureusement, nos gouvernants enfermés dans leurs palais restent le plus souvent sourds aux mises en garde et aveugles à la colère des gens de peu. Nous devrons donc crier très fort le 4 février pour secouer leurs certitudes béates.